Fin du numerus clausus en études de médecine

PACES et numerus clausus : jamais l'un sans l'autre

Depuis 2010, les métiers relatifs à la santé sont accessibles après une première année à la faculté de médecine, communément appelée PACES (Première Année Commune aux Etudes de Santé). Nécessitant de longues années de formation, ces études qui font rêver de nombreux lycéens sont en réalité intransigeantes et demandent à ses étudiants un travail acharné au quotidien. Depuis 1971, pour former les meilleurs professionnels de la santé, un concours est instauré en première année permettant d’accéder à la suite de la formation. Il est alors régi par la règle du “numerus clausus”, c’est-à-dire que le nombre de places est limité chaque année au même nombre, peu importe le nombre de candidats. La mise en place de ce système avait plusieurs objectifs : préserver le prestige de la formation, maintenir la qualité des cours avec moins d’élèves ou encore garantir un emploi après 8 années d’études (une longue formation et le manque de prévoyance en l’avenir peuvent décourager les étudiants à choisir cette formation). Ainsi, chaque année, des milliers de candidats se présentent au concours de première année dans les différentes facs en France pour tenter d’être parmi les quelques centaines d’admis.

Toutefois, face à la crise sanitaire de 2019 et 2020 et la surcharge des hôpitaux qui n’avaient pas assez de personnel, le gouvernement a repensé le système d’études de médecine.

La réforme de 2020: vers la suppression du numerus clausus ?

Communiquée en novembre 2019 et applicable depuis septembre 2020, la réforme des études de médecine prévoit une refonte complète de la formation. L’une des premières mesures concernait le système de quotas  qui est dorénavant supprimé, comme l’annonce le gouvernement : “Le numerus clausus, auparavant fixé nationalement, sera supprimé”. Pour autant, cela ne signifie pas que l’accès en deuxième année sera totalement libre. La sélection est maintenue, mais elle dépend désormais de chaque université “dans le souci de s’adapter au mieux aux besoins des territoires, définir le nombre d’étudiants qu’elles admettent dans les différentes filières.”(communiqué de presse d’Agnès Buzyn, 2019).

Le but de la réforme était clair : diversifier les profils et rendre plus accessible la formation, tout en conservant le prestige et l'exigence de celle-ci par la sélection. Une sélection qui se base sur les nouvelles formations pour les études de médecine qui ont remplacé la PACES : PASS (Parcours d’Accès Spécifique Santé) et L.AS (Licence Accès Santé). Quelle différence avec la PACES? Ces formations sont moins généralistes et sont spécifiques à des domaines de la santé. Cette nouvelle réforme avait donc tout pour séduire les prétendants aux études de médecine : fin du concours, préservation du prestige avec la sélection, programmes allégés avec des formations plus spécialisées, réorientation possible plus facilement… Mais cela semblait trop beau pour être vrai : l’année scolaire 2020-2021 qui fait office d’année transitoire entre l’ancien et le nouveau système doit jongler entre les deux programmes pour que tout fonctionne correctement cette année. Spoil : tout n’a pas correctement fonctionné.

La désillusion

Il était annoncé qu’en 2020, le numerus clausus serait enfin supprimé et que le système serait “plus juste et plus efficace”. Sauf que les étudiants des nouveaux programmes PASS et L.AS doivent partager leur année avec les redoublants de l’année précédente, c’est-à-dire du programme de PACES. Le problème est que, malgré la disparition du numerus clausus à part entière, il y a encore une sélection exigeante parmi les étudiants de première année aux études de médecines. Or, cela a provoqué un déséquilibre entre les candidats. En effet, d’un côté, il y a les étudiants qui priment en  PASS ou L.AS qui bénéficient d’une formation moins généraliste et de l’autre côté, il y a les redoublants qui ont bénéficié du programme PACES, supposément plus “conséquent” en termes de connaissances. Ainsi, il s’agit d’une situation inégalitaire dans laquelle les redoublants ont eu accès à plus d’informations que les primants, ce qui favorise fortement  leur sélection pour entrer en deuxième année. Pour rectifier cette injustice, le gouvernement avait annoncé que des places seraient exceptionnellement augmentées cette année.

Mais les étudiants en médecine ont déchanté lorsque, d’après eux, aucune augmentation significative du nombre d’admis en 2ème année n’a été faite cette année dans une grande majorité d’universités. De nombreux étudiants primants se disent alors victimes d’injustice, d’autant plus que les redoublements seront bien plus rares.

Pour le moment, certains élus ont répondu à la colère des étudiants et de leurs parents en leur garantissant que “tout le monde travaille sur une hausse du nombre de places” (Anna Brugnera, députée Lrem du Rhône). Reste à comparer le nombre d’admis et de candidats cette année avec ceux de l’année précédente une fois les résultats annoncés en juin.

By
Clothilde Bourbon
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