Parfois, on s'oriente non pas par nous-même mais en suivant le désir puissant de nos parents. Cela arrive et même si ta formation a été initialement choisie par toi-même, il n'y a pas de honte à dire à ses parents de se réorienter ! Malgré tout, sois prudent.e et réfléchis-y bien avant de leur annoncer tout cela car c'est parfois un moment délicat !
« Pour la nouvelle génération. Par la nouvelle génération ! »
Avant d’en parler officiellement autour de toi, tu dois être parfaitement conscient(e) du processus dans lequel tu t’engages. Si tu as décidé de te réorienter, ce n’est certainement pas par hasard : ta filière d’origine ne te correspondait pas et ne te plaisait pas et/ou tu as trouvé un domaine qui t’intéresse davantage et dans lequel tu souhaites poursuivre. Dans ce cas, la réorientation était la meilleure décision car un(e) étudiant(e) abattu(e) et découragé(e) par sa filière n’ira pas bien loin et risque de s’enfoncer dans la déprime et le décrochage scolaire.
L’objectif est donc ensuite de reconstruire un projet dans ta nouvelle voie, de t’y intégrer et par-dessus tout, t’y plaire et t’y épanouir. C’est donc une formidable opportunité pour toi de repartir du bon pied. Se réorienter, c’est un engagement fort, gage de motivation et de détermination à vouloir avancer et à s’en donner les moyens. De plus, le temps que tu auras passé dans ta première formation ne doit pas être perçu comme du temps perdu ! C’est plutôt une expérience supplémentaire et paradoxalement peut-être enrichissante : tu en ressors grandis, non seulement avec de nouvelles connaissances que tu auras acquises durant ce cursus mais aussi en ayant appris de cette erreur d’orientation qui ne t’a pas empêché(e) d’aller de l’avant malgré cette erreur de parcours.
Néanmoins, il est important aussi d’être lucide quant à ce nouveau parcours qui va s’ouvrir à toi : dans beaucoup de cas, et plus encore s’il s’agit d’une réorientation en tout début d’études sup, il faut repartir de zéro. Ce n’est pas nécessairement un obstacle, d’autant que tu es encore jeune et que tu as encore le temps de faire tes expériences et te trouver en tant que jeune adulte, mais il faut en avoir conscience et y être préparé(e). Tout reconstruire sur le plan scolaire mais aussi social : rattraper son retard sur les cours le cas échéant, s’intégrer aux groupes d’étudiants, se familiariser avec les nouveaux professeurs ou même le nouvel établissement…
Beaucoup de changements qui peuvent déstabiliser, particulièrement les premières semaines mais auxquels tu seras parfaitement capable de t’accoutumer avec de la patience et quelques efforts. Une fois que tu seras toi-même le plus au clair possible avec ce qui t’attends au cours de ton changement de parcours et ce à quoi cela t'engage, tu auras les clés en main pour aborder la question avec tes parents.
S’il peut s’avérer que tes parents ne réagissent pas de la meilleure façon à l’annonce de ta réorientation, dis-toi avant tout que c’est bien la peur qui les fait réagir, surtout si eux-mêmes n’y ont jamais été confrontés. Si toi-même tu appréhendes et ne sais pas forcément ce qui t’attend, alors tu peux imaginer leur état. Et c’est là tout l’intérêt d’être sûr de soi et d’avoir confiance en sa décision. Plus tu te montreras confiant(e), serein(e) et clair(e) dans tes explications, plus tu mettras tes parents aussi en confiance. L'important c'est donc que tu te saches te montrer persuasif(ve), ce dont tu es parfaitement capable puisque comme nous l'avons déjà vu, la réorientation est un choix qui se travaille et qui se pense sur le long terme à la suite de recherches approfondies. Si tu choisis de le faire, c'est que tu sais pourquoi mais aussi où tu veux aller. Tu dois alors être capable également de l'exprimer, de mettre des mots sur ce que tu ressens, sur le mal-être dont tu as pu être victime dans ta future-ex filière et sur les projets et les espoirs que tu nourris en intégrant la nouvelle.
Il est possible que tes parents essaient de t'influencer, même avec de bonnes intentions, à ne pas prendre un tel "risque", à savoir changer d’orientation sans être vraiment sûr(e) de ce qui t'attend par la suite. Bien sûr que ça peut faire peur et on n'est jamais vraiment à l'abri d'une nouvelle déception. Mais face à cette incertitude, il y a une certitude qui elle est ancrée et indéniable, c'est que tu ne te sens plus de continuer dans la voie dans laquelle tu te trouves : elle ne te plaît définitivement pas, le rythme est trop intense ou tu es convaincu(e) d'avoir trouvé mieux ailleurs. Tout le monde ne réussit pas son orientation du premier coup et c'est loin d'être une honte. Pour donner un ordre d'idée à tes parents, sache qu'un étudiant sur trois aujourd'hui se réoriente au cours de ses trois premières années d'études supérieures. C'est énorme, c'est un phénomène répandu et les chances de réussite ne se voient pas davantage réduites. Si eux ont réussi, pourquoi pas toi?
Se réorienter n'est pas un drame. C'est un nouveau départ, parfois un saut dans l'inconnu, mais quand on est sûr(e) de son choix, il faut l'assumer. Si tu es suffisamment clair(e) avec tes proches en leur montrant que ta décision est mature et réfléchie, ils sentiront vite qu'ils n'auront pas à avoir peur de te faire confiance et te soutiendront tout au long de ce passage éprouvant.
Norane Chiali
Présentation : Étudiante en licence de langues étrangères appliquées à la Sorbonne Paris IV; incollable sur Rimbaud, Tarantino et Jul, je débloque pour toi un nouveau skill : décoder tous les mystères du supérieur.